Trop souvent, lorsque je procrastine une tâche, je m’en veux terriblement car j’associe cela à de la paresse, à un manque de discipline et de volonté. Même si la procrastination touche tout le monde et est une réelle cause de souffrance pour beaucoup, je ne peux pas m’en empêcher. Et pourtant, cette tendance à tout reporter à la dernière minute s’explique de manière plus profonde que par un simple manque de discipline. Vous souhaitez comprendre ce qui se passe dans votre cerveau quand vous retardez les échéances ? Alors, apprenez dès maintenant à décrypter les causes de la procrastination.
Je procrastine parce que je suis perfectionniste
Si depuis toujours vous adorez quand un plan se déroule sans accroc, il y a de fortes chances pour que vous soyez, comme moi, une procrastinatrice perfectionniste. Vous visez l’impossible et cela vous empêche de réussir. Cette manie mène à une insatisfaction permanente, car vous rêvez d’atteindre vos objectifs et de les accomplir au mieux. Mais un blocage insurmontable s’installe sans cesse.
Que se passe-t-il alors dans votre cerveau ? Vous associez l’action au risque de mal faire, ou pire, à la peur de l’échec. Le perfectionnisme est un défaut autant qu’une qualité. Vous êtes sans doute méticuleuse et organisée, mais lorsqu’un projet est susceptible de vous sortir de votre zone de confort, vous repoussez l’échéance. Ainsi, un cercle vicieux s’établit.
Il s’agit d’un mécanisme permettant d’éviter la souffrance liée au désir irréaliste de tout réussir comme vous le souhaitez. Depuis longtemps déjà vous prévoyez de vous lancer dans une recherche d’emploi ou une création d’entreprise ? Mais vous différez toujours en pensant que vous allez échouer ou que ce sera compliqué et risqué.
Pour faire simple plutôt que de mal faire, vous choisissez de ne rien faire. La meilleure façon de trouver une solution est d’oublier la culpabilité et d’oser. Moins vous agissez et plus vous serez déçue de vous-même. Alors, prenez le taureau par les cornes et passez à l’action !
Procrastiner par peur de réussir
Je procrastine aussi parce que j’ai peur de la réussite. Cela peut paraître étrange, mais à l’inverse des perfectionnistes effrayées d’échouer, nous sommes nombreuses à utiliser la procrastination comme refuge contre la peur de réussir.
Pour mieux comprendre le phénomène, prenons un exemple. Personnellement, j’ai mis du temps avant de proposer ma première formation en ligne et je procrastine ma chaîne Youtube. De votre côté, vous réfléchissez peut-être à reprendre le travail ou à demander une promotion. Ces projets sont tous positifs et motivants. Malgré cela, nous sommes incapables d’agir et le découragement nous empêche d’aller de l’avant. Mais pourquoi donc ?
Il est très probable que la raison qui nous pousse à procrastiner soit liée à la pression qu’on s’imagine devoir supporter face à ce changement. Dans la vie professionnelle, une évolution peut signifier de nouvelles responsabilités. Ce n’est donc pas l’action en elle-même que nous craignons, mais plutôt d’éventuelles conséquences négatives comme une surcharge de travail.
Il est possible que vous angoissiez aussi à l’idée de changer de statut par rapport à votre entourage. Vous êtes mal à l’aise en pensant que votre conjoint, vos collègues ou votre famille s’éloignent de vous ou vous regardent différemment. Bref, vous avez peur du changement.
Comment arrêter de procrastiner dans ce cas précis ? Imaginez que cette évolution peut être synonyme de meilleure situation ou de gratification, et pas nécessairement de difficulté. Bref, le changement c’est maintenant !
La procrastination pour garder le contrôle
Sans cesse remettre à plus tard peut être réconfortant car vous pensez inconsciemment garder le contrôle sur votre environnement. La raison de la procrastination est alors liée à la crainte de perdre votre capacité de choix.
En effet, quand vous retardez le moment de passer à l’action, vous conservez la possibilité de programmer vos projets librement dans votre planning. Vous êtes seule à gérer le déroulement des évènements.
À l’inverse, prendre de nouvelles habitudes peut être assimilé par votre esprit à une perte de contrôle. Cela vous fait quitter le train-train quotidien dans lequel vous gagnez du temps pour risquer de vous soumettre au stress. Le choix ou la décision s’impose alors à vous comme une situation d’urgence et vous avez l’impression de perdre la main sur votre organisation habituelle.
Dans le cas d’une prise de décision importante (déménagement, changement de situation professionnelle, séparation, etc.), vous vous exposez au conflit. Vous angoissez à cette idée et au contraire la procrastination vous permet de garder le contrôle sur la situation actuelle. Vous évitez ainsi toute confrontation. Il s’agit d’un mécanisme de défense.
Pour mieux gérer les émotions qui vous poussent ici à procrastiner, imaginez plutôt ce qui se passera si vous restez dans l’immobilisme. Comment vous sentirez-vous ? Certainement résignée ou abattue. Puisque la peur n’évite pas le danger, pensez davantage au soulagement que vous procurera le passage à l’action !
Je procrastine pour échapper à la souffrance et aux efforts
Vous est-il déjà arrivé de vous sentir soudainement accablée par la fatigue et le manque de motivation quand vient l’heure de s’atteler aux tâches ménagères ? Moi oui, je procrastine cela ! Et c’est tout à fait normal. Cela s’explique par le fait que le cerveau humain est partisan du moindre effort. C’est-à-dire que l’inaction représente une échappatoire à ce que l’on perçoit comme une corvée ou une contrainte.
Rappelez-vous de vos bonnes résolutions de janvier : se remettre au sport, manger plus de fruits et de légumes, être plus productive, etc. Et quand vient le moment de mettre tout cela en application, y a plus personne. Pourtant, dans la plupart des cas, le plus dur c’est de s’y mettre !
Votre cerveau fait tout pour échapper à la souffrance et aux efforts. Malgré tout, une fois que vous débutez sérieusement une activité sportive ou que vous vous habituez à consommer moins de sucre par exemple, cela devient de plus en plus facile. Il est donc nécessaire d’arrêter de reporter à demain et surtout de cesser de trop réfléchir. Plus vous imaginez à quel point une tâche est difficile, plus vous risquez de tomber dans la procrastination.
En achevant une action qui vous semblait pénible, vous ressentez un sentiment de gratification immédiate. En répétant vos efforts, ils vous paraissent moins insurmontables et vous éloignez donc la source de la procrastination.
La procrastination : une réelle cause de souffrance émotionnelle
Pour conclure, retenez simplement que la procrastination n’est pas uniquement liée au besoin d’éviter l’effort et le travail. Les causes sont diverses et souvent plus profondes. Pour beaucoup, c’est davantage lié à des craintes et souffrances émotionnelles qu’il vous faudra identifier pour mieux les combattre.
Dillschneider Delphine dit
Bonjour Judith, c’est un des meilleurs articles que j’ai pu lire sur la procrastination.
Merci
Judith dit
Merci Delphine ! Je suis ravie que l’article te plaise !
Nadège dit
Merci Judith pour cet excellent article dans lequel je me suis totalement retrouvée. Tu ne tournes pas autour du pot, tu prends la procrastination de front sans tergiverser et c’est ce qui rend cet article tellement enrichissant, intéressant…..et motivant
Je suis actuellement dans une situation de blocage dans mon travail et je connais les pièges de la procrastination mais je suis pourtant incapable de les combattre.
Ton article donne des pistes réalistes et encourage à faire un pas, même petit, en avant
Merci Judith pour tout ce que tu apportes à nos vies….et surtout, ne t’arrêtes pas
Judith dit
Merci beaucoup Nadège ! Je te rassure, je n’ai pas l’intention de m’arrêter, surtout quand je lis vos chouettes commentaires.